J’ai été transportée par ce roman sublime, et par la voix qui me l’a lu.
En effet non contente de me plonger enfin dans Salammbô (des années qu’elle me faisait de l’oeil), j’ai expérimenté pour la première fois l’écoute d’un livre audio.
Pourtant j’appréhendais l’intrusion d’un tiers, la voix du comédien*, dans mon tête à tête avec le roman. Mais non, jamais elle ne m’a dérangée.
Quant à l’objet du livre, j’ai mis un moment à le percevoir. Car Salammbô n’est pas l’héroïne de ce roman, elle en est l’obsession. Elle hante progressivement chaque personnage pour en devenir l’âme. Mathô, Narr’havas, le grand prêtre Schahabarim, tous la désirent ou la haïssent.
Par l’écoute du texte, j’ai le sentiment d’avoir particulièrement profité de la remarquable qualité de l’écriture de Gustave Flaubert. Les montées en puissance, les changements de rythme, les mots et les noms magnifiques qu’il a rapportés pour nous du IIIème siècle, et les autres qu’il a inventés. La scène de la préparation de Salammbô à sa rencontre avec Mathô est incroyable. Son pendant, sous la tente lors de leur rencontre, prend toute son ampleur à la lumière de ce précédent chapitre. Tout est dit sans que Flaubert n’ait à mettre les mots qu’on y attendrait (souvenez-vous du serpent !). C’est de l’art.
La fin d’un livre qu’on a aimé, surtout si sa lecture a été longue, est toujours frustrante. Et la dernière page engloutie, on se retrouve seul. Souvent en effet je me repasse en boucle les derniers mots ou les derniers instants décrits, mais rien n’y fait, le livre est fini. Ce que j’ai particulièrement apprécié dans le livre audio de Sixtrid, c’est qu’une fois la dernière ligne entendue, le silence ne m’a pas écrasée. Au contraire une musique forte, puissante, à la mesure du dénouement de Salammbô, s’est élevée. Quel plaisir de prolonger quelques minutes encore ce lien qui s’était tissé pendant plus de 11h et demi d’écoute ! En revanche je ne sais pas de quel morceau il s’agit. Mais il est magnifique.
*Edition : Sixtrid, livre audio interprété par Eric Herson-Macarel, mai 2011